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L’occupation de la Cilicie

par la France se situe entre

la fin de l’année 1918

et la fin de l’année 1921

 

Les Accords Sykes-Picot :

          Le rappel de cet intérêt, en France, pour la Cilicie permet de comprendre que, très tôt au début de la guerre, la Grande-Bretagne et la France, dans un document secret, le Mémorandum Sykes-Picot du 3 janvier 1916, se plaçant dans la perspective de la défaite de l’Empire ottoman, avaient manifesté une volonté commune : profiter du démembrement de « l’Homme malade », chacune à leur profit, la France pour asseoir sa zone d’influence traditionnelle dans les Echelles du Levant et en Cilicie ( le statut de cette région devant évoluer en Mandat ) et la Grande Bretagne pour sécuriser sa liaison avec les Indes par le Golfe persique.

          Selon les termes des Accords, la France obtenait donc la Cilicie et une large bande de terrain ( « Zone A » ), allant de la côte méditerranéenne jusqu’à la Perse, de Beyrouth jusqu’à l’est de Mossoul ; le Royaume-Uni obtenait les territoires au sud de celles-ci, de la Palestine jusqu’à la Perse en traversant la Mésopotamie.

 

L’Armistice de Moudros du 30 octobre 1918 et son exécution :

          L’Armistice avec l’Empire ottoman avait été préparé, au nom des Alliés, par les Britanniques sans consultation des Français ( ceux-ci ne les avaient pas invités eux-mêmes à la signature de l’armistice avec les Bulgares un mois plus tôt ).

          L’Armistice réduit l’Empire ottoman à l’Anatolie et impose, outre la démobilisation de l’armée, l’occupation par les troupes alliées de « points stratégiques » et celle des tunnels du Taurus, la reddition de toutes les garnisons au commandement allié le plus proche et le retrait des troupes de Cilicie.

          Mais une semaine avant l’Armistice, le Général Allenby avait annoncé aux Français la division administrative et militaire des « Territoires ennemis occupés » ( TEO ) en trois parties: la « zone sud » aux Britanniques et la « zone nord » aux Français alors qu’apparaissait une « zone est » attribuée à Fayçal, fils du chérif Hussein, en reconnaissance de sa participation à la lutte contre les forces de l’Empire ottoman aux côtés des Britanniques.

          Par ailleurs, il faut signaler ici deux faits importants:

 - d’une part, lors de leur repli vers l’Anatolie depuis les provinces arabes de l’Empire, les troupes ottomanes vaincues étaient amenées à traverser la Cilicie ; c’est ainsi que leur chef, Mustafa Kemal, dans sa volonté de s’opposer aux conditions de l’Armistice, fit distribuer des armes aux populations turques des zones traversées non sans les exhorter à la résistance ;

 - d’autre part, il existait un déséquilibre énorme au sein des forces alliées d’occupation présentes sur la zone, entre les forces britanniques et les forces françaises : de 75 000 à 90 000 hommes, essentiellement de l’Armée des Indes, sans compter l’appui des forces arabes contre moins de 10 000 hommes du côté français, toutes troupes arrivées d’Egypte et Palestine; il faut préciser en outre que le « détachement français de Palestine » ( D.F.P. ) commandé par le Colonel de Piépape comprenait un régiment arménien composé de jeunes volontaires de la Légion d’Orient qui avait été créé en novembre 1916 avec, entre autres, des rescapés des camps de déportation et des réfugiés arméniens de Syrie.

 

L’occupation de la Cilicie :

          Elle inaugurait une série d’occupations imposées par les Alliés à titre de garanties ( Thrace occidentale, Constantinople, Zone des Détroits ). L’administration en est confiée au Haut-Commissaire François Georges Picot assisté par le Colonel Brémond comme « Administrateur en chef de l’Arménie ».

          Elle commence en toute fin décembre 1918, après le débarquement en provenance de Beyrouth des quelques 3 000 membres des unités arméniennes de la Légion d’Orient. Pour l’heure, la France ne pouvait redéployer de troupes de l’Armée française d’Orient car, après la victoire du Dobro Polje, elle avait reçu comme objectif de marcher sur le Danube.

          C’est pourquoi, en raison de la faiblesse de nos effectifs sur place, à titre provisoire, les Territoires à l’est de la Cilicie sont occupés par les Britanniques.

          Les autorités ottomanes protestèrent contre le caractère arménien des troupes d’occupation.

          Pour leur donner satisfaction, une convention additive à l’Armistice de Moudros est signée le 20 février 1919; elle précise les conditions de l’occupation française: le commandement des effectifs de la gendarmerie ottomane est transféré aux gouverneurs des sandjaks, mais le commandement allié peut révoquer les fonctionnaires ottomans sans en référer au pouvoir central; de même, le commandement allié peut décider de rapatrier les déportés et leur restitues immédiatement leurs biens immobiliers.

          D’ailleurs, dans leur zone, les Français sont très vite confrontés à gérer le rapatriement, en en supportant seuls la charge « logistique » et financière, de quelque 100 000 rescapés arméniens des camps du désert.

          De retour en Cilicie, ceux-ci revendiquent bien légitimement la restitution de leurs biens et la libération des femmes et enfants détenus dans des familles musulmanes.

          Dans ce contexte, étant donné la prévention des locaux à l’endroit des légionnaires arméniens et, parfois, du parti-pris de ceux-ci dans les opérations confiées à la France, les incidents se multiplient, se transformant de plus en plus souvent en exactions réciproques.

          Rapidement, les Français prennent conscience de la nécessité de remplacer, voir dissoudre, les légionnaires arméniens, ce que le renfort progressif d’éléments français rend possible, mais les Britanniques tardent à accepter cette mesure.

          Il faut un accord politique entre Georges Clémenceau et Lloyd George le 15 septembre 1919 pour que la relève des troupes anglaises par les 3 troupes françaises, par prélèvements sur l’AFO, soit définitivement actée.

          Lorsqu’elle entre pratiquement en œuvre, courant octobre, et que leur déploiement est prévu non seulement en Cilicie, mais aussi dans les Territoires de l’est tenus jusque là par les Britanniques, les haines antifrançaises, se donnent libre cours sans retenue.

          L’occupant britannique, dans les Territoires de l’est, avait pris le parti d’interférer le moins possible dans le fonctionnement local.

          Au contraire, l’occupation française à l’ouest puis finalement à l’est était mal supportée par les ottomans: les cadres français étaient généralement issus de la « Coloniale ». Leur culture parfois et les préjugés des populations turques à leur égard plus souvent en faisaient des personnels soupçonnés d’être peu capables de s’adapter à l’esprit nouveau qu’est celui des « Mandats ».

 

Le retournement de la politique de la France :

          Les Arméniens pour leur part furent certainement les premiers à sentir, à l’occasion du remplacement de Georges - Picot le 21 novembre 1919 comme Haut-Commissaire au Levant par le Général Gouraud, le signe avant-coureur d’un changement à venir de la politique de la France au Levant : l’abandon de la Cilicie et le recentrage de l’action de la France sur le Liban et la Syrie.

          Dans ce climat, les efforts de la France pour maintenir l’harmonie entre les communautés sont voués à l’échec. Dès lors, au fil des mois et des incidents, les partisans de Mustafa Kemal, dans son opposition à l’Armistice puis au Traité de Sèvres du 10 août 1920, avaient beau jeu d’attiser les hostilités antifrançaises en Cilicie.

          Celles-ci ne tardent pas à dégénérer, justement, dans les villes de l’est précédemment occupées par les Britanniques.

          Les Français doivent évacuer Maras (janvier - février 1920 ) puis Urfa ( février - avril ) après des massacres d’Arméniens puis de lourdes pertes dans leurs rangs.

          Les initiatives désespérées des Arméniens pour peser sur les négociations du Traité de Sèvres ( « le coup d’état » arménien du début août 1920 à Adana ) n’empêchent pas cette évolution.

          Certes, la situation est reprise en mains à Aïntab dont les Français, après des semaines de siège et de nouveau de lourdes pertes, obtiennent la reddition début février 1921.

          Malgré ce dernier succès, l’occupation de la Cilicie se solde par une déroute qui entraîne une révision radicale de la politique française.

          En effet, au début de l’année 1921 ( le 16 janvier ), les Alliés souhaitant faire un point avec les deux pouvoirs concurrents de la Turquie, organisent une conférence à Londres. Ils admettent finalement le principe d’une révision du Traité de Sèvres et la France, en deux temps, en mars à Londres puis le 20 octobre 1921 à Angora, va conclure la paix avec le régime kémaliste.

          Cet Accord, dans ses principales dispositions met fin à l’état de guerre entre la France et la Turquie, fixe la frontière turco-syrienne à l’avantage de la Turquie, toutefois sans Alexandrette, fixe l’évacuation de la Cilicie et des territoires occupés par la France sous deux mois.

          Le Gouvernement d’Angora, pour sa part, reconnaît les droits des minorités sur les mêmes bases que celles établies par les conventions conclues entre les vainqueurs, leurs adversaires et certains de leurs alliés.

          Le départ des Français ne donne lieu à aucun incident important, mais le Conseil national arménien de Cilicie décide à l’unanimité l’émigration des populations arméniennes en Syrie: plus de 40 000 personnes sont ainsi accueillies dans le cadre du mandat, ce dont elles n’avaient pu bénéficier finalement en Cilicie.

          Parvenu à ses fins en liquidant le sultanat et le califat et après avoir forgé une nouvelle Turquie, resserrée et homogénéisée, Mustafa Kemal signe, le 24 juillet 1923, le Traité de Lausanne qui, bien sûr, entérine l’Accord d’Angora.

 

          Laurent CASTAING

 

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